Ne soyez plus jamais stressé sur scène! Devenez chaman ?! (État de flow et transe chez l’artiste)

Les artistes sont des chamans.

 

“Bah voilà qu’il vire mystique !”

 

Et oui, fermez les yeux, je sors mon bâton de pluie!!!

 

Ce que j’entends quand je dis que les artistes sont des chamans, c’est qu’un artiste se met volontairement (ou non) dans un état de transe et que son job consiste à partager cette transe avec son public.

 

On observe plusieurs sortes de transe chez les artistes : certaines vont être franchement cool, elles vont aider à se connecter pour être créatif et fluide sur scène et d’autres vont au contraire nous mettre dans des boucles négatives et nous éloigner de notre essence.

 

Les plus grands artistes sont des rois de l’hypnose, et cela, sans même le savoir.

 

C’est exactement pour ça que la meilleure façon de faire passer un message est de le transmettre via une œuvre. Le sens est caché par le symbole comme dans certains films par exemple. Ainsi la guerre froide a d’abord été une victoire culturelle des américains, oui oui… Qui peut me citer un film soviétique (par exemple) ? 

 

Dans les sociétés anciennes, c'était à travers les comptes et les paraboles que l’on structurait le groupe à travers un récit commun. C'était le rôle du vieux, du sage, du chaman (celui qui a survécu le plus longtemps aux attaques de sangliers sauvages;).

 

Ce qu’il faut entendre par transe, c'est un état modifié de conscience. C’est tout.

Mais ils existent différentes formes de transes.

 

Comment devenir chamane pour modifier son cerveau et devenir un artiste riche et célèbre

(Spoiler alerte : c’est un mensonge mais…)

 

Au cours d’une journée, mes ondes cérébrales varient et elles sont parfaitement mesurables en hertz. Ainsi, l'activité neuro-électrique rythmique chez l'humain est classée selon 5 gammes de fréquence :

Les ondes deltas⇒ sommeil profond

Les ondes Thêta ⇒ somnolence, hypnose, méditation, sommeil paradoxal

Les ondes Alpha⇒  état de conscience apaisé quand je suis au calme avec les yeux fermés par exemple

Les ondes Bêta ⇒ activité plus intense, conversation, concentration, anxiété

Les ondes Gamma ⇒ activité mentale intense, effervescence intellectuelle, mathématiques de brut ou physiques complexes

 

Chaque jour et selon mon activité, je vais me balader dans ces ondes de manières inconscientes. Et si les ondes Alpha et Bêta me sont assez familières, je peux, avec de l’entrainement, accéder de manière consciente et volontaire aux autres fréquences. C’est souvent une question d’intention et d’attention comme en méditation.

 

Il y a bien sûr des états dans lesquels je vais être plus réceptif et d’autres plus actifs.

 

Et c’est dans ces zones que l’artiste en maîtrise de son œuvre naviguent. Il n’est pas rare dans la phase de création d’osciller entre un état quasi méditatif et un état d’activité extrême.

 

Les shamans des temps anciens jouaient sur ces transes pour raconter des histoires et façonner des récits qui permettent de souder le groupe, ou bien provoquer des guérisons parfois spectaculaires, car généralement ce que l’on croit devient notre réalité.

Si je suis persuadé d’être un artiste raté, il y a de grandes chances que j’expérimente dans le réel le fait d’être un artiste raté. Le fait d’être identifié à un narratif comme celui-là est une transe profonde.

“Je suis ce que je crois être”, oui désolé, c'est vertigineux.

 

Apprends à maîtriser tes ondes cérébrales et deviens le chaman qui sommeil en toi. Ainsi à toi monts et merveilles : adieu concours raté, doigts moites sur l’instrument, archet qui tremble sur la corde, entrailles liquéfiées…  

Oui sauf que ce n’est pas de la magie et que la réalité est un petit peu plus complexe,  je te présente donc mes excuses, personne ne possède la potion pour devenir riche et célèbre.

Par contre la méditation et le yoga-nidra sont de belles pistes pour explorer le champs des ondes.

 

Transe-mutation (Changer le stress en strass et le trac en trophée)

 

La transe chez l’artiste est un état assez prisé, et ce, de manière inconsciente. En effet, quand j’oriente mon attention et mon intention d’une certaine manière, je suis beaucoup plus réceptif pour créer, travailler une pièce exigeante, faire du détail, ou me laisser traverser par un chaos créatif.

 

J’ai beau tenter, je n’ai pas la même implication quand j’épluche un poireau que quand je joue la 2ᵉ  de Mahler.

 

Certains artistes sur scène ont l’air possédé. 

En fait, ce n’est pas qu’un air. 

 

Ils sont réellement dans un état autre qui leur permet de vivre une transe profonde avec ce qui se joue sur scène et occasionnellement même de changer de transe en un éclat.

 

D’autres préfèrent ces moments dans la création, chez eux, loin du monde, une forme d’hypnose créative qui permet de fondre dans l’instant un ressenti qu’un état du quotidien (celui où j’épluche un poireau) ne pourrait pas capter.

 

La transe me semble nécessaire pour vivre pleinement l’expression artistique, un art de pleine conscience serait presque hors humain tant l’art demande un focus à la fois précis et flou sur ce qui se joue. Ce que j’entends par là, c'est qu’il n’est pas évident de s’exercer à la métacognition (capacité d’observer ses pensées) lorsque l’on crée ou lorsque l’on joue.

 

Je te propose une petite expérience : regarde une toile de Van Gogh (ou une autre hein, mais moi, j'aime bien Vincent;)  et regarde-toi en train de regarder cette même toile, puis regarde-toi en train de te regarder voir cette toile ?

 Je suis curieux d’avoir ton feedback!!

Est-ce que ici l’observation de l’observateur ne te coupe pas de l’expérience directe de l’œuvre ?

Étrange?! C’est pourtant là où l'on a la possibilité de varier les états de conscience, le focus sur le prisme qu’on applique à la vie.

 

Hélas chez certain lors d’une performance, le fait d'être très accroché par son ego fait qu’il est impossible d’accéder à ces états. Ce peut être de la pudeur, de la gêne, de la radinerie… 

MAIS!! Pas besoin de se fouetter, ce sont là des manifestations de défense égotiques qui ne peuvent se dissoudre dans l’instant. Le fait d’être ainsi piégé par son ego empêche de vivre une prestation sans trac et de délivrer pleinement son message.

 

Pour simplifier : une transe profonde d’identification à l’ego t’empêche de t’éclater en tant qu’artiste.

 

Je me permets une confidence : le trac démesuré que je vivais lors des auditions et des concours venaient (en partie, ce n'est jamais tout blanc ou tout noir) d’une transe d'identification lourde :  j’avais complètement fusionné avec mon personnage d’artiste. Être jugé, c'était alors possiblement mourir.

“L'échec n’existe pas quand on est plus identifié.”

Bon ok, c’est facile à dire, mais je t’assure qu’on peut travailler sur ce phénomène.

 

Il y a là souvent une sur-identification à son personnage d’artiste “Je SUIS artiste”.

Or non, je fais de l’art et j’exprime ainsi une partie de mon être, mais je ne suis pas réductible à ça.

Voici déjà de quoi gagner un peu d’espace entre ce masque et moi-même.

Si la transe me semble être ontologique à l’art, il me semble crucial pour l’artiste de pouvoir revenir à soi et sortir de transe. C’est là que la méditation et une approche métacognitive de l’esprit sont de ressources précieuses (je développe cette approche prochainement dans un article).

 

Habituellement, on parle d’état de “flow” quand on est parfaitement absorbé dans l’instant.

 

Ce fameux état où le trac n’existe plus et le flux de créativité est infini

 

Le flow ou “’ fluidité” est cet état particulier de concentration ou d'absorption totale dans une activité : jouer du violon, écrire un poème, incarner un personnage, découper un poireau (pour les plus zen)...  Cet état se manifeste par ces cinq points, nous informe Csikszentmihalyi (oui, il est hongrois, j’offre une séance à la personne qui me dit son nom sans bugger).

1. Focus sur l’action en cours

2. Feedback très clair et rapide

3. Une sensation de maîtrise de mes actions

4. Pas de stress, d’ennui ou d’angoisse, mais au contraire un ressenti émotionnel agréable

5. Une balance juste entre mes compétences et le challenge de l’instant (j’utilise mes capacités au maximum).

Joli cocktail!!! n’est-il pas ? On pourrait en boire directement au tonneau !

 

Howard Gardner, le père de la théorie des intelligences multiples, considère que le flow est le meilleur état pour apprendre. Absorber dans ce que j’aime, mes connexions cérébrales sont fluides et ouvertes.

Plusieurs études le démontrent : pour être bon dans un domaine, il faut profondément aimer ce que l’on fait. Ainsi, si l’on pense “réussite” avant “kif et accomplissement”, on passe à côté du pot de confiture.

 

La quintessence de l’art se révèle quand on explore sa zone de génie avec la liberté du petit mammifère qui joue.

Je me souviens avoir eu ce sentiment en assistant à un concert de Tigran Hamasyan (pianiste, compositeur génial, je recommande ;) . En le regardant, j’avais l’impression d’avoir ouvert la porte de la chambre d’un enfant fantastique qui jouaient sans aucune limite possible à son imaginaire, si ce n’est les quatre-vingt-huit touches de son piano. 

 

Vers la transe et au-delà

 

En tant que spectateur, j'adore partager la transe d’un artiste, les meilleurs shows que j’ai pu voir sont ceux où j'ai pu goûter à la folie d’une personne, en m’arrachant l’espace d’un instant au petit moi et ce de manière collective. Wahoo!

 

En tant qu’artiste, il ne m’est possible de donner que de ce dont je déborde. Ça demande un peu d’humilité, beaucoup de travail et infiniment d’amour pour son art.

 

Pas besoin de psychotropes pour décoller vers le monde de l’inspiration, notre cerveau est un magnifique écrin pour nous faire voyager bien plus loin que ce que l’on pense.

Pas besoin de médicament non plus pour lutter contre le stress et le trac (adieu les bêtabloquants avant chaque audition !) quand on commence à comprendre son fonctionnement.

 

Encore faut-il prendre soin de sa psyché et visiter avec douceur ses défenses égotiques.

 

Portez-vous bien

Mangez cinq fruits et légumes par jour (champignons hollandais avec modération)

À très bientôt