Comment s'accepter, s'apprécier et s'aimer quand on a tout raté?


 

La gestion de l’échec chez l’artiste

(et les humains de manière générale!!!)

 

La boussole des trois “A” pour accepter d’être un artiste raté ?

 

S’accepter, s’apprécier et s’aimer pour être ok avec soi-même quand on se croit nul

 

Tu me vois venir avec mes gros sabots, un titre aussi racoleur digne d’un coach au mercantilisme malhabile ne peut être qu’une entourloupette.

 

Certes !

Mais attends !

 

Je reconnais avoir en horreur des modélisations simplistes qui réduisent le réel en morceau prêt à cuire et qui prétendent offrir la recette du bonheur à coup de baguette magique.

 

Mais force est de constater que souvent l’évidence prend les autours de la simplicité.

 

Il n’est pas rare de se fustiger d’invective et de noms d’oiseaux lorsque l’on vit une situation que l’on apparente à de l'échec. Et voici que vocifère dans votre tête le parangon de la déception et son cortège de phrases pistolets :

 

“Caramba encore loupé ! Je ne sais pas gérer mon stress”

 “Je suis nul, c’était mon dernier concours d’orchestre ! terminé le violon !”

“Je vais revendre mon hautbois, ce sera bien la seule façon de gagner de l’argent avec.”

“Je ne suis pas assez bon, ce métier de musicien est trop dur”

“Personne ne comprend mes textes, je suis pourtant le prince des nuées, c’est trop injuste.”

PAN PAN PAN !

Tant de mots qui reflètent un malaise réel et une incapacité à s’apporter un baume réconfortant.

 

 Je te propose une simple boussole, une pommade efficace pour revenir à soi et ainsi ne plus faire du jugement des autres le maître étalon de l’estime de moi. C’est un outil précieux que j’utilise fréquemment lors de mes coachings pour artistes et musiciens. 

 

  1.  S’accepter

(Comment j’accepte d’avoir raté un concours ? Comment accepter un échec ?)

 

Si on espère traverser la vie sans scories ou sans stigmates, ce serait comme porter un t-shirt blanc lors d’un bain de boue en espérant le sortir intact. 

 

Candide ou stupide ? Au choix ou les deux.

 

La vie est un maelstrom et on va forcément traverser des moments de grands vents qui nous feront chavirer. Ainsi le cap que l’on s’était fixé va changer.

 

Hélas, notre pauvre psyché n’a pas eu le temps d'intégrer que le vent nous avait poussé ailleurs et c’est précisément là que je risque de rencontrer de la résistance : une friction entre ce que le réel me propose et ce que je souhaitais vivre.

C’est ici que l’acceptation est la rencontre de ce qui est et de ce que je suis à cet instant.

Je ne suis pas rendu à vivre éternellement la même chose ni à être éternellement le même personne mais si je n'accueille pas ce qui est dans l’instant, je ne m’offre pas la possibilité d’évoluer, de bouger.

 

L'acceptation est une phase d’intégration de ces deux pôles : ce que je vis et ce que je suis. Et le delta entre les deux peut être violent.

 

Si je n’accepte pas mes limites, je cours au casse-pipe. Je connais plus d’un artiste qui a fait une énorme burn-out en squeezant cette étape d’écoute profonde. La santé mentale de beaucoup d’artiste repose sur cette simple notion d’acceptation. Acceptation de ses limites, de ses compétences, de ses états et de ses échecs.

 

Accepter, c’est toucher l’endroit d’une blessure primordiale qui me rend aveugle à moi-même.

Je ne vis pas de la trahison, je ressens de la trahison pour ne pas vivre ma solitude.

Je ne vis pas du rejet, je ressens du rejet pour ne pas vivre la fait de me sentir incapable.

Je ne vis pas de l’abandon, je ressens de l’abandon pour ne pas vivre que je suis inadapté.



 

Il s’agit, dans cette phase d’intégration, d’écouter, de développer sa capacité d’auto-empathie.

Il s’agit aussi de savoir laisser les oripeaux de la comparaison au vestiaire des chimères.

Je ne suis pas moins que cet autre chez qui pourtant tout m'apparaît comme désirable : ses réussites, son talent, son argent...

 

Acceptation⇒ intégration par l’écoute ;)

 

Et c’est souvent dans le miroir que m’offre l’autre que je peux développer cette écoute, d’où l’importance de se faire accompagner.

 

  1. S’apprécier

(Comment faire fie de ceux qui pensent que je suis un artiste raté ?)

 

“J’existe donc je ne suis pas un gros caca.” Docteur Deygas

 

Très honnêtement, je pourrais m’arrêter d’écrire ici, le seul fait d'exister devrait nous rendre appréciables à nos yeux. Mais l’esprit humain est ainsi fait que l’on opère toujours une forme de négoce entre soi et l’extérieur pour “estimer sa valeur” (tu le vois déjà le côté marchand de tapis de l’estime de soi ?)

Fréquemment, sous le couvert des injonctions familiales, sociétales, amicales, on perd l’estime de soi en pensant de pas satisfaire aux critères des autres.

 

J’entends que c'est peut-être un peu simpliste alors plongeons un peu plus.

 

Une fois ton t-shirt blanc bien salis par la boue et les remous du quotidien, tu te trouves fort dépourvu et un sentiment de honte se pointe “Le monde va me juger tant je suis sale.”

 

STOP ! Note ici que tu ne t’adresses qu'à toi-même par ce genre de phrase.

Personne ne te juge à part toi-même.

 

Pour l’expérience : peux-tu par le même procédé cognitif inversé la vapeur et te lancer des fleurs.

“ Je suis fier d’aborder mon t-shirt sali, car ces tâches sont la preuve de mon engagement dans la vie, elles sont uniques et inimitables”. 

 

C’est parce que tu vis que tu te salis.

 

Voici déjà un début d’estime, d’appréciation de son chemin.

C’est par parce que l’on n'a pas réussi avec facilité au premier concours venu pour le meilleur poste de solo dans le meilleur orchestre du monde que l'on est un moins que rien. Il existe bien des façons de faire le métier d'artiste musicien.

 

Tu n’es pas réduit à ta fonction, ton job et tes réussites.

Nous ne sommes pas ce que nous faisons et encore moins l’image que les autres ont de ce que nous faisons (Wahoo, désolé pour le tirage de cheveux, tu peux relire cette phrase et c’est ok).

 

Lorsqu’il est question de s’apprécier, il est question de se réapproprier le récit de sa vie. Parfois, il faut changer de narratif car les vieilles histoires que l’on se raconte à son propos peuvent être celles-là mêmes qui nous coupent de la joie.

 

Pour aller plus en profondeur l’acceptation, c’’est la capacité à nommer les animaux sauvages qui ne sont pas reconnus socialement.

Ainsi, je peux nommer l’animal de ma vanité, celui de ma radinerie, celui de mon excès, celui de ma gourmandise, celui de ma paresse…

Reconnaître que je ne suis pas “une bonne personne” c’est naître à soi dans toute sa complexité.

 

L'appréciation passe par la disposition à poser un regard bienveillant sur soi avec nos côtés magnifiques et nos côtés misérables. 

Il s’agit de se responsabiliser plutôt que de culpabiliser, j’endosse une position ++ dans la vie :

  ”Je suis ok dans un monde ok”.

 

  1. S’aimer

(Comment aimer son artiste raté intérieur ?)


 

“Même si je suis un gros caca j’ai le droit de m’aimer.” docteur Deygas (décidément)

 

S’aimer c’est se détendre dans le vent de la vie.

 

Il n’est pas rare d'être très conditionnel dans l’amour que l’on a de soi-même :

 “Je m’aime quand je suis beau, riche et chevelue… Par contre, le petit “artiste raté” au fond de moi, qui vient de louper une audition, qui vient de faire une fausse note sur scène ou qui n'a pas la carrière musicale qu'il devrait avoir, lui, je l’aime moins.”

 

Il s’agit de s’aimer même dans les moments où je ne me juge pas aimable.

C’est aussi ce que Jung invitait à explorer : son ombre, sa partie moins reluisante, celle que l’on ne veut ou ne peut pas voir.

L’amour n’est pas une transaction. 

Vous connaissez le fameux “je m’aime si..”

(Tiens, c’est marrant, est-ce que ça ne marcherait pas dans la relation à l’autre aussi cette affaire ?)

 

Pascal nous disait “L’homme est grand en ce qu’il se sait misérable.” c’est en aimant le petit moi que je peux peut-être trouver du grandiose. Il y a une invitation à laisser tomber le masque pour s’aimer simplement sans mettre une condition.

 

C’est ici la clef de la douceur envers soi-même.

J’ose même dire que c’est la clef de la joie.

Sans cet amour simple et évident, il m’est impossible de vivre un amour simple et évident à l'extérieur. Ce serait là le lit de la dépendance affective où je demanderais à l’autre de venir combler mes failles et mes manquements.

 

Mais c’est là déjà une autre histoire.

 

La clef de l’artiste, c'est l’amour qu’il donne à sa pratique sans attendre un retour sur investissement.

Plus je me donne à l’art et plus l’art se donne à moi.

 

L’image qui me parle le plus est celle de la “Création d’Adam” de Michel-Ange.

Le doigt de Dieu est toujours tendu, or c’est celui de l’homme qui peine à se tendre.

On peut voir ce doigt tendu comme un symbole de l’amour et la peine de l’homme comme cette incapacité à s’ouvrir pour recevoir l’amour.

 

“Ta tâche n’est pas de chercher l’amour mais de chercher et de trouver tous les obstacles que tu as construits autour de l’amour.” Rûmî


 

Ces trois “A” sont bien évidemment en interdépendance, ils fonctionnent comme trois centres d’une même unité.

L’amour sans acceptation est aveugle.

L'acceptation sans appréciation de soi est un mensonge hors sol.

L’appréciation de soi sans amour est une quête des vanités qui ne m’offre pas la possibilité de toucher mon authenticité.

Cette simple boussole peut permettre de nous orienter quand le vent de la vie ne nous semble plus favorable et quand les jours de gris se font trop longs.

 

Je me permets toutefois une petite mise en garde pour éviter le mensonge à soi-même. C’est un outil concret, il ne suffit pas de croire que l’on s’accepte pour s’accepter. Il faut passer à l’action, dans la matière. Il ne s'agit pas là de “manifester” ou de faire un petit rituel magique, mais de placer dans le réel des actions choisi qui vont ancrer sa vision. En séance, j'aborde cette boussole de manière très concrète, pas de bla bla, pas de gri-gri.

 

C'est un long sujet que j'aborde souvent dans mon podcast vis ma vie d'artiste (raté?)

 

Rends du plaisir à salir tes t-shirts et sois fier de tes tâches.

(Promis, j'organise un concours du t-shirt le plus sale;)

 

Mange 5 fruits et légumes par jour (je crois que le houblon ça compte)

Porte-toi bien

À très bientôt

Salut Internet


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